Pour pouvoir garder le contact de Février 2006 à Mars 2007, je vous invite à consulter mon modeste journal de bord, afin de partager avec vous mon expérience au Rwanda...

26 juillet 2006

Je pourrais vous parler

Je pourrais vous parler des questions morales que je me suis posé en voyant certaines personnes dans ma voiture de retour de l’Akagera jeter par la fenêtre des bouteilles d’eau vides aux innombrables enfants de ces villages reculés qui couraient en hurlant à coté de notre voiture qui ne s’arrêtait pas. "Mais c’est ce qu’ils demandaient !" m’a-t-on expliqué après.

Je pourrais vous parler des gens que je croise tous les jours qui n’ont plus de jambes, qui n’ont plus de bras ou qui n’ont plus de jambe et de bras et du fait que leur seul moyen de subsistance est aujourd’hui de vous montrer leur infirmité en demandant quelques francs.

Je pourrais vous parler de ces jeunes femmes qui m’abordent parce que je ne suis pas rwandais, parce que je suis blanc peut être, et qui attendent de moi quelque chose, un passeport vers l’extérieur ou vers un monde un peu meilleur.

Je pourrais vous parler de ces orphelins ou de ces enfants des rues dans les centres avec qui je travaille, et des questions que je me pose en les voyant, sur leur passé et leur futur, sur la façon dont ils ou elles perçoivent ma présence.

Je pourrais vous parler du nombre de fois, au cours des premières semaines ici, où je me suis demandé ce qui avait bien pu se passer en 1994 dans ma rue, dans cette maison, sur cette colline, pour cette personne, du nombre de fois où nous en avons parlé à la maison avec Julie et Kirsti.

Je pourrais vous parler du fait qu’aujourd’hui, je ne me pose presque plus ces questions.

Je pourrais vous parler de la honte que je ressens après coup en négociant le prix d’un trajet en taxi-moto pour 100 francs rwandais.

Je pourrais vous parler des non-dits de la société rwandaise, de l’incapacité que j’ai à trouver des réponses aux questions que je me posais avant et que toutes les personnes qui visitent ce pays se posent, de savoir si les choses ont changé depuis 1994, si ce passé est derrière nous.

Je pourrais vous parler de la politique au Rwanda, mais je n’en parlerais pas.

Je pourrais vous parler des railleries blessantes et constantes, sans aucune retenue ou volonté de les cacher, des personnes qui travaillent dans le petit magasin dans ma rue à chaque fois que je m’aventure à passer à pied devant eux, à acheter quelque chose ou pire, à bredouiller quelques mots de kinyarwanda.

Je pourrais vous parler de combien il est parfois difficile d’accepter que ce sont les différences culturelles ou, comme me le dit Vestine, le manque d’accès à l’éducation, qui expliquent certains comportements, certains propos, et pas la grossièreté pure, la moquerie voire l’hostilité.

Je pourrais vous parler de ces mères qui envoient leurs enfants de 3 ou 4 ans courir vers vous pour ne plus partir tant que vous n’aurez pas répondu aux « Cent francs manger !» qu’on leur a appris, des sentiments qui se bousculent alors et de ma honte à parfois, souvent, détourner la tête.

Je pourrais vous parler de mon impatience, de mon énervement pondéré par ma volonté d’accepter d’autres cultures et croyances, devant certaines personnes condamnant l’usage du préservatif, ou nous autorisant à en parler mais pas à les montrer.

Je pourrais vous parler de la déception attendue et formatrice de voir que parfois, souvent, le développement n’est qu’un business comme un autre.

Je pourrais vous parler du fait que je me suis habitué à toutes ces choses là, sans pour autant ne pas me demander si j’en ai le droit.

Je pourrais vous parler de beaucoup d’autres choses encore dont je ne parle pas depuis mon arrivée. Des choses qui rendent cette expérience parfois difficile, parfois pénible mais qui ne résument pas mon quotidien ici. Ces choses là existent mais je n’ai pas le droit de m’en plaindre. Surtout, parce que cela fait partie d’un tout, je sais déjà que je retiendrais les bons moments et les mauvais, les bonnes personnes et celles dont il ne vaut mieux pas se rappeler.

Je vous dis ça aujourd’hui parce qu’on m’a demandé pourquoi je ne parlais que des choses qui donnent à penser que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ici à Kigali… ! Mais sur ce blog, la pudeur peut être, la volonté de filtrer les informations que je donne surtout, font que je ne parle pas de ça. Et même là, j’ai le sentiment de ne pas avoir réussi à mettre des mots sur ces choses et ces sentiments. Mais j’essaye, j’essaye… et on verra bien ce que j’en penserai plus tard !

Et puis c’est vrai, je préfère vous parler des petites choses qui font de cette expérience un drôle de truc à vivre…!

21 juillet 2006


Vaches traditionnelles de la region (avec des cornes a la Lucky Luke !)

20 juillet 2006


Une partie des aventuriers de l'Akagera, Guillaume, Kirsti, Kat et Nehemie !


Non, pas de commentaires interessants


Le feu cree un beau tableau de couleurs


La Tanzanie au loin depuis l'Akagera


Ben c'est des jolis oiseaux...


Juste parce que c'est une jolie photo !


Hippopotames de l'Akagera (on ne voit pas grand chose, je vous l'accorde mais croyez-moi sur parole !)


Marabouts au bord du Lac qui marque la frontiere avec la Tanzanie


Babouins au petit dej'... Du poisson...


Ce sont de bonnes "masses" quand meme !


Horde de buffles, super dangereux parrait-il, mais pas trop d'un 4x4...


Impala, tres commun en Afrique


C'est quand meme mignon, non...?


Speciale dedicace a Natacha...!


Preuve que je suis en Afrique et pas a Ibiza...!


Jolis nids


Le Parc National de l'Akagera au lever du jour


Getting ready for the reception "chez Monsieur l'Ambassadeur"...!

19 juillet 2006

Akagera

Visite du Parc National de l’Akagera le week-end dernier. C’est l’un des 2-3 hauts lieux touristiques du pays avec le Parc des Volcans pour voir les gorilles et la forêt mythique de Nyungwe dans le sud du pays (on vient récemment d’y "découvrir" les sources du Nil) que je n’ai pas encore vu.

C’est sympa une virée hors de Kigali en 4x4 mais quand il faut se lever à 3h50, il faut aussi une bonne dose de motivation ! On roule donc de nuit vers l’Est du pays et la Tanzanie et le soleil se lève juste avant notre entrée dans le parc, après 2h30 de routes et de pistes qui traversent des villages reculés d’agriculteurs et d’éleveurs où le temps semble s’être arrêté. C’est incroyable comme Kigali n’est pas représentative de ce pays. Le Rwanda est un des pays les plus pauvres de la planète et quitter Kigali vous le rappelle parfois brutalement.

Le parc de l’Akagera est très grand, vallonné (on est au Pays des Milles Collines après tout), sec (c’est la saison sèche) mais avec de nombreux lacs et forme une frontière naturelle avec la Tanzanie. C’est le seul endroit où il est possible de faire des safaris au Rwanda. On m’avait prévenu de ne pas m’attendre à trouver une réserve comme celles du Masa Maraï ou du Serengeti donc mes attentes n’étaient pas trop hautes. Mais nous avons quand même vu des girafes, de buffles, des antilopes, des babouins, des hippopotames et d’innombrables oiseaux de toutes tailles tout au long d’une matinée passée à serpenter sur les pistes du parc, de collines en collines et d’un lac à l’autre. J’ai beaucoup aimé les paysages très secs de l’Akagera, sa végétation très variée et la vue sur la Tanzanie voisine. Les photos arrivent, bientôt j’espère...

Retour à Kigali et au travail cette semaine, beaucoup de travail jusqu’à la fin du mois (7 jours complets de formation) mais le mois d’août devrait être plus calme, tout le monde ou presque part en vacances ! Moi, c’est pas avant septembre… Ahhhhhhhh ! J’ai hâte !

A bientot tout le monde ! Il fait chaud en France parrait-il ? Ici aussi...

15 juillet 2006

Bric-a-Brac

François, mon gamin préféré à Kigali, va bien, merci pour lui ! En fait, son business (chewing-gums, biscuits, kleenex et cigarettes) progresse et j’apprends qu’il a même un employé maintenant ! Un autre gamin, tout aussi souriant, travaille à présent pour lui en vendant des cacahuètes salées. Et François le paye 5000 francs rwandais par mois. François, qui a 15 ans je le rappelle, a également déménagé car son oncle ne voulait plus le voir chez lui. Il loue une chambre chez un voisin mais continue de préparer tous les matins le repas pour sa tante malade avant d’aller travailler.

Aujourd’hui, c’est un nouveau jour férié au Rwanda. Je ne suis pas sur d’avoir bien compris pourquoi mais je crois que c’est l’ouverture d’une nouvelle session de gacacas, les tribunaux populaires pour les personnes ayant "trempés dans le génocide " comme l’on dit ici. J’en ai vu un depuis la route en allant au bureau ce matin, grand rassemblement populaire sous une tente, mais mon taxi m’a laissé entendre que ça ne serait pas une bonne idée pour moi d’essayer d’y assister un jour. Ça serait sûrement très intéressant mais c’est vrai que ce n’est pas ma place.

Mondanités et représentation : hier, c’était le 14 juillet ! Et je pense que c’est la première fois de ma vie que je le célèbre. En fait par un concours de circonstances, la journée d’hier a été riche en mondanités !

Cérémonie à la Croix Rouge Rwandaise tout d’abord, pour la remise des certificats aux enfants des rues ayant suivis une formation professionnelle de 12 mois qui doit leur permettre de réintégrer la société rwandaise.
La Croix-Rouge Rwandaise est un de mes partenaires préférés et ce projet là est vraiment extraordinaire. Discours, danses traditionnelles (superbes) et certificats. J’étais là pour représenter Right to Play mais je n’ai heureusement pas eu à faire un discours (mon kinyarwanda ne me l’aurait pas permis de toutes façons), juste à saluer l’assistance…

Pièce de théâtre ensuite… Une première pour moi au Rwanda ! Encore une fois, délégué par Right to Play pour témoigner notre soutien à un autre de nos partenaires, la Fondation pour la Paix, le Sport et la Culture dans la région des Grands Lacs.
Le titre de la pièce : "Le dangereux séducteur"… Le message de la pièce va dans le sens de la prévention SIDA. C’est parfois surprenant la façon dont on en parle ici mais je suppose que cela se comprend par le fait que ce problème fait tellement plus partie de leur quotidien que pour nous en Europe. Pour résumer, je dirais que c’était une expérience culturelle intéressante, mais par contre, le groupe de musique avant, pendant et après, un petit supplice pour les oreilles…

Et puis hier soir, réception chez Monsieur l’Ambassadeur de France au Rwanda… ! Un mythe s’effondre : aucune pyramide de Ferrero Rochers en vue… Mais bon, je n’ai pas voulu montrer ma déception devant un parterre d’invités (200 ? 300 ? 400 ?) visiblement rodé à ces mondanités… Et puis on ne va pas se plaindre devant le buffet de charcuterie, fromage et vin (français bien sur) à volonté.
Décalage, décalage… Tout est une question de décalage dans ce pays et peut être dans les pays en développement en général.. L’espace de quelques heures, on se coupe des réalités et du monde extérieur. C’est plaisant en un sens mais aussi dérangeant. Je ne crache pas dans la soupe, j’ai passé une bonne soirée à rigoler avec les quelques personnes que je connaissais, j’ai bien mangé et j’ai bien bu (champagne pour finir !) mais je crois mieux comprendre pourquoi le monde des ambassades ne m’attire pas. Je ne suis pas doué pour les discussions-cocktails et je n’en retire que peu de satisfaction.
Mais bon, ça nous a donné l’occasion de nous mettre sur notre 31 (d’où vient cette expression ?) et de découvrir la superbe résidence de l’Ambassadeur (le mot est faible… décalage, décalage…Combien coûte une soirée pareille au contribuable français? Ou peut être est-ce un cadeau de l’Ambassadeur à la communauté française de Kigali…?)

Repos aujourd’hui et départ à l’aube demain en 4x4, avec Guillaume notre ami suisse, pour visiter le parc national de l’Akagera à l’Est, à la frontière avec la Tanzanie. C’est le plus grand parc du Rwanda et il est apparemment possible de voir beaucoup d’animaux (rien à voir avec les réserves du Kenya ou de la Tanzanie mais j’espère tout de même apercevoir quelques éléphants, girafes et autres gnous… J’aimerais bien voir un gnou. En fait, j’aime beaucoup le mot gnou.). En photo très bientôt sur ce blog !

Tiens, aujourd’hui ça fait 5 mois jour pour jour que j’ai atterri au Rwanda.

Merci pour les mails, les commentaires et les Dragibus et à bientôt tout le monde ! Bon été à tous depuis Kigali !

07 juillet 2006


Le Rwanda, ca ressemble beaucoup a ca Posted by Picasa


Culture de the au Rwanda juste avant la frontiere avec l'Ouganda Posted by Picasa


La campagne ougandaise Posted by Picasa


Maison traditionnelle Posted by Picasa


En passant par l'Ouganda... Posted by Picasa


No comment Posted by Picasa


Dans les rues de Kampala Posted by Picasa


Avec Charly (RTP Ouganda) et Aemelia au Blue Mango Posted by Picasa


Notre hotel le "Blue Mango". On ne va pas se plaindre... pour 8$ par nuit ! Posted by Picasa


Kampala Posted by Picasa


Un marabout (immense -2m- oiseau charognard) au dessus de Kampala Posted by Picasa


Un metro a Kampala !!?? Non, juste une station... Posted by Picasa

Welcome to Uganda !

Deuxième escapade en dehors du Rwanda ce week-end, mais toujours la même destination : l’Ouganda.

Et quel pied ! Ahhhhhhhhh… Pour différentes raisons qui se complètent, il était grand temps de :

1) faire un break et se changer les idées
2) quitter le Rwanda, même brièvement
3) partir à l’aventure dans une ville inconnue
4) faire des courses dans un supermarché…

Tout ça, c’est possible à Kampala, capitale de l’Ouganda !!!

Donc, comme nous avons ENFIN récupéré nos passeports à l’immigration vendredi (Mille fois merci Seraphine !) et que le mardi 4 juillet est un jour férié au Rwanda, Kirsti et moi avons pris le lundi pour se payer un long week-end à Kampala, accompagnés à la dernière minute par Aemelia, stagiaire américaine à l’UNICEF.

Départ de Nyabugogo, la gare centrale de Kigali, le temps de voir le soleil se lever et c’est parti… ! La musique de mon Ipod accompagne le trajet en bus jusqu’à la frontière pour ma deuxième entrée à pied en Ouganda… Le trajet jusqu’à Kampala est plutôt long, presque 9 heures en tout. Le paysage change à mesure que l’on monte vers le Nord. On traverse même l’Equateur ! Tout est beaucoup plus sec, on traverse des paysages africains tels qu’on se les imagine, herbe jaune et acacias. Le bus s’arrête dans quelques villages peuplés d’éleveurs et d’agriculteurs et est immédiatement assailli de vendeurs d’oignons (!), de bananes et de brochettes de chèvres embrochées sur de grands pics de façon à atteindre les fenêtres du bus !

Kampala est la capitale de l’Ouganda, c’est une ville beaucoup plus grande que Kigali, peuplée de plus de deux millions d’habitants. Pour atteindre le centre ville, on traverse de nombreux quartiers d’habitation ou commerçant. Ce qui nous frappe c’est à quel point la ville est sale et semble beaucoup plus pauvre en comparaison à Kigali. Le centre ville est composé de grands immeubles commerciaux, de petites échoppes et d’un trafic assez chaotique à première vue. Rien à voir avec Kigali vraiment, on a ici le sentiment d’être dans une métropole bruyante, vivante, dynamique, sale aussi. Mais ce regain d’animation m’enthousiasme après 5 mois passés au Rwanda, qui semble si paisible à coté !

A la descente du bus, il a fallu que nous tombions sur le seul taxi de Kampala, peut être de toute l’Afrique, qui parle couramment norvégien !!! Kirsti nous fait donc la traduction pour une courte visite guidée jusqu’à notre auberge de jeunesse ou "Backpackers" comme l’on dit en anglais. Très belle piscine, bar/loundge/restaurant superbe, un peu de confort que nous acceptons bien volontiers ! Et quelle émotion le soir de voir la France renverser le Brésil de belle manière entourés de nombreux expatriés et Ougandais !

Ce week-end a surtout été l’occasion de se promener dans une grande ville animée, de faire un peu de shopping dans une galerie marchande "à l’occidentale" (c’est fou comme une chose aussi insignifiante que ça a pu nous enthousiasmer… !) et pour ma part, de faire quelques repérages pour un voyage que je prévois de faire à travers l’Ouganda en septembre. Nous avons également profité des restaurants de Kampala (japonais, rendez-vous compte !) et retrouvé certains collègues de Right to Play qui travaillent dans le pays.

Bref, super week-end, bien dépaysant mais un peu court pour un tel trajet. Le retour a même été un peu plus long surtout en raison d’une longue attente à la frontière (il faut bien laisser le temps aux agents des douanes rwandaises s’assurer que personne n’introduit de sacs en plastique dans le pays…!).

J’ai adoré Kampala, j’ai vraiment aimé l’accueil des gens et leur gentillesse et surtout, surtout, quel bonheur d’être anonyme à nouveau, de ne susciter aucune attention ! C’est drôle, c’est une ville beaucoup plus bruyante, polluée, animée que Kigali, mais en même temps plus détendue et accueillante. C’est mon impression en tout cas. Le Rwanda est un chouette pays mais nerveusement fatiguant, pour plein de raisons que j’ai toujours autant de mal à formuler. Mais le contraste est saisissant. Et l’accent anglais des Ougandais un véritable régal !

J’ai hâte d’y retourner pour 10 jours de vacances très attendues au cours desquels je projette de découvrir des îles sur le Lac Victoria, de faire du rafting sur le Nil et j’espère de partir en safari dans le nord du pays, pas très loin de la frontière avec le Soudan. Maintenant que j’ai récupéré mon passeport, tout est envisageable !!!

Bon, ce message est assez long comme ça je pense, à bientôt tout le monde !

Et Allez les Bleus dimanche évidemment !!!